EN BREF
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Dans un monde où les enjeux écologiques se superposent aux luttes pour la justice sociale, l’idée d’une écologie libératrice émerge comme un cri de ralliement puissant. Face aux discriminations systémiques qui touchent particulièrement les populations racisées et les quartiers populaires, l’écologie antiraciste s’affirme en tant que mouvement essentiel, réclamant une réévaluation des rapports à la terre et à l’environnement. Cette approche vise à transcender les inégalités et à favoriser une inclusion vraiment équitable, alliant les luttes pour la liberté individuelle et collective à une protection intégrale de notre planète. Ce texte appelle à une réflexion profonde sur les interconnexions entre ces batailles, établissant un pont nécessaire entre la lutte pour l’égalité et celle pour la sauvegarde de notre environnement.

Pour une écologie de la libération : antiracisme et écologie politique
Le mouvement pour une écologie de la libération s’inscrit dans une perspective où les enjeux environnementaux sont intrinsèquement liés aux luttes pour les droits humains et la justice sociale. Cela passe notamment par un manifeste antiraciste qui questionne les inégalités de traitement et d’accès aux ressources écologiques, particulièrement pour les populations racisées et issues des quartiers populaires. Par exemple, des ouvrages comme « Terres et Liberté » mettent en lumière les impacts du colonialisme et du capitalisme sur les terres historiquement spoliées, tout en promouvant des voix qui, traditionnellement, n’ont pas eu toute leur place dans les débats écologiques actuels.
De nombreuses initiatives, telles que celles portées par des associations comme Banlieues Climat ou le collectif Verdragon, démontrent la nécessité d’inclure les revendications des populations marginalisées dans le discours écologique. Ces mouvements visent à redonner la parole à ceux qui subissent les plus grandes injustices environnementales. Ainsi, l’écologie antiraciste ne se limite pas à une lutte pour la nature, mais se positionne aussi comme un outil pour favoriser une autodétermination des communautés, en remettant en question les structures de pouvoir qui maintiennent les inégalités et les discriminations. Par ces actions, il devient essentiel d’envisager un futur où l’écologie devient une voix de paix et de solidarité.
Pour une écologie de la libération : antiracisme et écologie politique
Le premier ouvrage de la collection « Écologies de la libération », Terres et Liberté, s’engage à mettre en lumière les enjeux cruciaux de l’écologie à travers le prisme de l’antiracisme. En légitimant ces luttes, ce manifeste valorise une vision inclusive et décoloniale de l’environnement. Il appelle à repenser notre rapport à la terre non seulement comme un espace à exploiter, mais comme un bien commun dont tous doivent bénéficier. Ce livre expose notamment les relations entre le capitalisme, le colonialisme et les injustices écologiques. En effet, les populations marginalisées, souvent situées dans les quartiers populaires et dans le sud global, sont en première ligne face aux impacts néfastes des crises environnementales.
Aujourd’hui, les mouvements écologiques issus des banlieues, tels que Banlieues Climat, ne cessent de se multiplier, apportant une voix authentique aux personnes directement confrontées aux conséquences des bouleversements environnementaux. Il est essentiel de reconnaître que ces populations sont souvent les plus touchées, mais paradoxalement, elles demeurent invisibles dans le discours dominant autour de l’écologie, qui reste souvent axé sur des idéologies et des perspectives privilégiées. Le livre souhaite ainsi éveiller les consciences sur ces injustices, à travers des récits qui fusionnent les luttes environnementales et sociales. Par ailleurs, il nous rappelle que si l’écologie doit être un outil de victoire et de résistance, elle doit également favoriser la solidarité et l’autodétermination des communautés historiquement opprimées.
Pour une écologie de la libération
Un manifeste pour l’égalité et l’inclusion
Le livre Terres et Liberté introduit une perspective essentielle sur les enjeux écologiques actuels, en mettant en lumière la nécessité d’une écologie antiraciste. Ce manifeste vise à redéfinir notre rapport à la nature tout en tenant compte des injustices historiques et contemporaines. Les auteurs s’engagent à explorer des solutions durables qui garantissent une économie équitable et respectueuse des droits de toutes les populations, notamment celles issues des quartiers populaires.
À travers des témoignages significatifs et des études de cas, ce livre met en avant les luttes écologiques menées par ceux qui, trop souvent, sont laissés pour compte dans les discussions sur la crise climatique. Les voix de ces communautés sont cruciales pour construire un avenir où chaque individu a la possibilité de participer à la transformation de son environnement.
- L’engagement communautaire : Créer des initiatives vertes à l’échelle locale qui répondent aux besoins spécifiques des quartiers.
- Éducation et sensibilisation : Promouvoir des programmes d’éducation environnementale adaptés, permettant aux jeunes de comprendre les enjeux écologiques et de s’impliquer.
- Solidarité intergénérationnelle : Encourager le transfert de connaissance entre les générations sur la gestion des ressources et les pratiques durables.
- Alliances stratégiques : Tisser des liens entre organisations écologistes et antiracistes pour renforcer la voix des populations marginalisées.
Ces points sont essentiels pour bâtir une écologie libératrice, car ils engagent tous les acteurs de la société à repenser leur rôle et à adopter une approche inclusive qui favorise l’harmonie entre l’homme et la nature.
Les éditions Les Liens qui libèrent inaugurent une nouvelle collection « Écologies de la libération » sous la direction de Fatima Ouassak. Cette collection s’ouvre avec un manifeste antiraciste qui établit les bases d’une réflexion pour une écologie de la liberté, moins discriminante et plus juste envers les populations racisées et issues des quartiers populaires, ainsi que du « Sud global ».
Des initiatives comme Maison de l’écologie populaire Verdragon, Banlieues Climat ou Ghett’up ont vu le jour en France, mettant en lumière les préoccupations écologiques des quartiers populaires. Les résidents de ces zones se trouvent souvent en première ligne face aux enjeux environnementaux, mais leurs voix restent trop souvent invisibilisées dans un débat écologique dominé par une perspective bousculée. Ces voix, émanant de personnes précaires ou vivant en banlieues, méritent d’être entendues.
Dans cet esprit, le « Terres et liberté – Manifeste antiraciste pour une écologie de la libération » donne la parole à des chercheurs, militant.e.s, artistes, et enseignant.e.s. Ce recueil aborde des sujets variés tels que le chlordécone, l’agent orange, et l’activisme dans des contextes comme la Kanaky ou la Palestine, tout en s’inspirant de pensées de figures comme Maria Lugones ou Thomas Sankara.
L’écologie, comme un outil de libération
Ce livre met en lumière les intersections entre les luttes des populations des quartiers populaires et les impacts du capitalisme et du colonialisme sur leur environnement. En parallèle, il interroge l’utilisation de l’écologie par divers mouvements politiques, y compris des groupes extrémistes favorisant des politiques réactionnaires. Un besoin crucial de redéfinir l’écologie émerge face aux inégalités et injustices, anticipant des actions pour faire de l’écologie un vecteur de libération incluant les luttes antiracistes et anticoloniales.
« À nous d’être ces racines résistantes dont fleurissent l’amour et la libération »
Ce texte nous invite à voir l’écologie non seulement comme un acte de survie, mais aussi comme un moyen d’autodétermination. En redonnant vie à des terres spoliées et « abandonnées », les initiatives et les combats écologiques permettent de créer des liens de solidarité, établissant ainsi des joies militantes grâce à des actions communes.
Le vibrant appel : « L’écologie du sud est donc simultanément une écologie d’alternatives et une écologie de résistance » résonne comme une invitation à s’engager pour notre avenir et pour l’amour, en utilisant l’écologie comme un outil d’émancipation. Il nous rappelle que c’est « à nous d’être ses racines résistantes d’où fleurissent l’amour et la libération », un appel à se libérer de ce qui nous est imposé.
Christiane Oyewo
Ce livre collectif publié par LLL (Les Liens qui Libèrent) le 14 février 2025, dirigé par Fatima Ouassak, réunit des contributions de divers acteurs engagés tels que Norman Ajari, Myriam Bahaffou, Omar Alsoumi, et Nadia Yala Kisukidi.
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Le livre « Terres et Liberté » ouvre de nouvelles perspectives sur l’écologie à travers un prisme antiraciste, invitant à repenser le lien entre inégalités sociales et enjeux écologiques. Les réflexions qui y sont présentées démontrent que les luttes pour la justice sociale et la protection de l’environnement ne peuvent être dissociées. Elles trouvent écho dans les voix souvent invisibilisées des populations des quartiers populaires et du Sud global.
En soulignant l’importance d’une écologie politique moins discriminante, cet ouvrage propose une réflexion sur l’urgence de faire entendre ces voix. Loin d’être un simple appel à l’action, il s’agit d’un manifeste qui exige la reconnaissance des luttes historiques contre le colonialisme et le capitalisme, et qui prône une éradication des injustices.
Dans un monde où les inégalités écologiques se creusent, la mobilisation autour de ces questions devient essentielle. La libération des voix racisées et la réappropriation des terres sont des enjeux cruciaux pour construire un avenir démocratique et équitable. Cette démarche invite chacun à s’interroger sur son propre rapport à l’écologie et à envisager une solidarité active pour un monde plus juste.